Le Gers est ma région natale. Et mon escapade gersoise estivale est en réalité un retour aux sources. Revoir le village de mon enfance m’a procuré à la fois un certain plaisir mais aussi un peu de nostalgie. 

Ce département fort de son patrimoine culinaire et riche de son histoire se distingue par sa qualité de vie, ne dit-on pas que c’est le pays du bien vivre et du bien manger?

Ce qui frappe dans ce département du sud-ouest c’est le calme qui règne dans les villages mais aussi dans les villes, enfin plutôt les gros bourgs. Auch, le chef-lieu, ne compte que 22100 habitants dont 53% à plus de 45 ans.

Les deux sous-préfectures que sont Condom et Mirande ne comptent respectivement que 6500 et 3450 habitants dont plus de 60% à plus de 45 ans. A La Romieu, mon village natal de 568 âmes, ce chiffre atteint 67%.

Gers
La Romieu, la place du village

L’activité était autrefois essentiellement agricole et un petit artisanat se maintenait. Désormais dans les villages c’est plutôt le tourisme qui prévaut. En 1995 le film d’Etienne chatiliez, “Le bonheur est dans le pré” à fait découvrir le Gers. Quelques célébrités sont venues s’installer dans la région et ont contribué au renouveau de ce département

Pourquoi ai-je un sentiment mitigé?

Parce que déçu de ne pas avoir retrouvé l’âme de ce village, les gens du cru n’y vivent plus, les parents sont morts et la plupart des enfants ont quitté la campagne pour la ville.

Quelques-uns cultivent leur terres ou pratiquent l’élevage et vivent dans leurs fermes dans la campagne environnante. 

Il y a cependant des aspects positifs à cette situation

La plupart des maisons en mauvais état, parfois abandonnées, ont été rachetées par des retraités plus aisés et ces derniers les ont rénovées avec goût.

Des 2 commerces d’alimentation il n’en reste qu’un mais en revanche deux bars restaurants se sont installés au cœur du village.

L’attrait de La Romieu est dû à sa magnifique collégiale et son cloître du 14ème siècle, situés sur le chemin de St Jacques de Compostelle et classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les nombreux pèlerins de passage peuvent désormais trouver refuge dans plusieurs chambres d’hôtes.

Les nouveau habitants, les touristes, les pèlerins ont redonné vie à ces villages parfois endormis.

La Romieu Gers
Les tours de la collégiale
Le cloître de la collégiale Gers
Le cloitre

Des animations ont lieu, particulièrement en été comme en ce mois de juillet, le festival de musique en chemin.

Dans la département de nombreux festivals , Jazz in Marciac, Festival des Bandas à Condom…

La gastronomie gersoise

Foies gras, confits et magrets

Vous trouverez entre novembre et mars sur les marchés, les oies et canards gras dont le plus connu est celui de Gimont. Les départements limitrophes ne sont pas en reste, Landes et Béarn proposent également des produits d’excellente qualité. Ci-dessous un exemple de conserves artisanales qui m’ont été offertes par une amie.

Confit et foie gras de canard dans le Gers

Savez vous que la dénomination “magret” est assez récente? C’est André Daguin, chef de l’hôtel de France à Auch, aujourd’hui décédé,  qui a créé en 1960  cette façon de cuire le filet de canard gras séparé de la carcasse. 

Le Vignoble gersois

Le Gers est une région viticole depuis l’époque Gallo Romaine, 20.000 hectares de vigne sont cultivés principalement au nord ouest du département mais aussi un peu partout sur les coteaux.

L’Armagnac:

Contrairement au Cognac, l’Armagnac ne tire pas son nom d’une ville mais d’une famille bourgeoise qui a donné son nom au comté d’Armagnac.

L’Armagnac est produit par la distillation de vin blanc sec mais sans vieillissement en fût. Il est principalement utilisé en cuisine et pâtisserie. L’Armagnac ambré a vieilli au moins 2 ans dans des barriques de chêne.

Un long vieillissement rend ce breuvage rare, prestigieux et par conséquent bien plus onéreux. Consommé habituellement en digestif à la fin du repas, il se prête également à de nombreuses préparations, notamment en apéritif avec des eaux pétillantes ou dans des cocktails.

En cuisine, il accompagne les desserts aux pommes comme la croustade dont je vous parlerai ici, et est souvent utilisé pour flamber ou pour lier des sauces.

Armagnac de 2 producteurs différents

Le Floc de Gascogne

Au cours de mon escapade gersoise j’ai redécouvert le Floc. C’est un apéritif issu d’une vieille recette paysanne Gascogne du 16ème siècle, composée de 2/3 de jus de raisin et 1/3 d’Armagnac. Il est devenu un produit AOC qui se consomme bien frais en apéritif.

Le Floc blanc se distingue par ses arômes d’agrumes, Il se marie parfaitement avec les fromages à pâte persillée. 

Le Floc rosé révèle des arômes de fruits rouges, il accompagne agréablement les salades de fruits et notamment le melon de Lectoure.

Le Floc de Gascogne rosé

Les côtes de Gascogne

Ce vin, est d’indication géographique protégée est à 80% blanc et sec aux arômes fruités  d’agrumes. Les ⅔ de du vignoble sont consacrés à la production de ce vin dont 70% sont exportés dans le monde.

J’ai une préférence pour ce blanc moelleux issu du cépage Gros Manseng idéal en apéritif.

Vin moelleux cépage Gros Manseng
Les vins de Gascogne

Le Madiran

C’est une appellation issue du cépage Tannat qui produit un vin rouge fruité mais intense.

Le Pacherenc du vic-bilh

C’est un vin blanc d’appelation d’origine contrôlée. Consommé secs ou moelleux il a un arôme d’ananas.

Le Saint Mont

Ce sont des vins en grande partie rouges issus de vignobles anciens, déjà connus au Moyen-âge. Il est cultivé dans 46 communes du département.

Les plus vieux pieds de vigne français se trouvent à Saint-Mont, environ 600 pieds, plantés en 1830 et classés Monuments Historiques.

La croustade

Vous entendrez parfois tourtière, pastis, croustade, derrière tous ces noms on retrouve une sorte de tourte en principe confectionnée avec une pâte feuilletée garnie de lamelles de pommes parfumées à l’armagnac.

Celle que j’évoque ici est la recette traditionnelle. Bien sûr la recette ancestrale demande de la patience de l’espace et un réel savoir-faire. Je suis tenté de vous dire, préférez l’original à la copie mais si vous n’êtes pas dans le Gers, il y a peu de chance que vous en trouviez!

J’ai déjà réalisé ce dessert équivalent avec de la pâte filo je vous le propose ici. Si l’aspect est à peu près semblable le goût est évidemment totalement différent.

Ce patrimoine de la gastronomie gersoise est malheureusement en péril. Au fil des ans, les personnes qui détenaient ce savoir-faire ont disparu et il est difficile de trouver la main d’œuvre volontaire pour se former, tant les gestes sont délicats et répétitifs. Il s’agit d’étirer 1 ou 2 kilos de pâte sur des tables de plusieurs m2 recouvertes de nappes en coton.

Heureusement quelques rares artisans courageux continuent de produire cette recette ancestrale à base de pommes sucrées et marinées dans l’armagnac. 

A Gondrin, dans ce petit village, Christophe Bompas, un des rares artisans propose encore la croustade traditionnelle.

Un fois étalée très finement sur des grandes tables, la pâte est séchée puis arrosée de beurre fondu. Des cercles de pâte sont posés sur des moules sur lesquels sont réparties les pommes puis  enfin le tout est recouvert de pâte froissée et cuit au four aussitôt. 

La croustade le dessert traditionnel gascon
La découpe de la croustade gasconne

Le compte rendu de mon escapade gersoise ne serait pas complet si je ne vous conseillais pas une superbe chambre d’hôte.

Située à Courrensan à l’extérieur du village vous profiterez d’un endroit très calme et d’un accueil très agréable. L’hôtesse est aux petits soins pour vous. Vous prendrez votre petit déjeuner en terrasse avec boisson chaude de votre choix, pain grillé, pâtisseries maison, jus de fruit frais, smoothie et avec le sourire de votre hôtesse.

Le petit plus, à votre arrivée, petit goûter d’accueil et cadeau offert par vos hôtes, un moment privilégié pour faire connaissance.

Maison d'hôte à Courrensan 32
Chambre d'hôte à Courrensan 32

Si vous ne connaissez pas ce département, et si vous voulez vous oxygéner loin des villes de la foule et du bruit cet endroit est pour vous.

Si vous aimez la bonne cuisine et les bons produits de la ferme, vous n’aurez que l’embarras du choix pour vous approvisionner auprès de petits producteurs locaux et aussi pour trouver de bonnes tables à prix doux.

Vous aimez ? Partagez !

4 commentaires

    • En fait je n’ai pas retrouvé le village que j’avais connu mais c’est bien naturel.
      Les temps ont changé, les familles natives de la région comme moi sont parties vers les villes pour trouver un travail. Le village s’est transformé en une sorte de musée pour touristes, boutiques d’artisanat, galeries d’art.. Ce qui m’a le plus fait de peine c’est de revoir la maison ou je suis né à l’extérieur du village qui était dans un parc de 10.000 m2 arboré. Mes parents qui l’entretenaient avec soin l’avaient vendue à leur retraite pour se rapprocher de la ville. Aujourd’hui elle est à l’abandon, envahie par la végétation.

  1. Bonjour Maurice, je ne connais pas la région, mais ton article donne envie d’aller y faire un tour … un jour! Bises

    • Oui Martine, c’est une très belle région ou il fait bon vivre sans stress. La vie est bien moins trépidante qu’en ville, pour y passer des vacances c’est idéal et on y mange très bien.

Vos commentaires sont un plaisir !